Takeshi Kitano joue ici le rôle du « Professeur Kitano » et, au Japon, est beaucoup plus connu comme acteur que, en France, comme réalisateur. A noter aussi la présence de l’acteur Masanubo Ando, un des héros de KIDS RETURN, de Takeshi Kitano. Kinji Fukasaku est le réalisateur prolifique et inégal de films d'action ou de yakusas japonais. Son film le plus original et le plus connu reste sa version déjantée de la pièce de théâtre LE LEZARD NOIR, célèbre au Japon et déjà adaptée par l’écrivain Yukio Mishima. Kinji Fukasaku aurait dû, en 1989, réaliser VIOLENT COP, qui fut finalement le premier film réalisé par Takeshi Kitano. BATTLE ROYALE aurait pu, lui, être réalisé par le fils de Kenji Fukasaku, Kenta, jeune producteur. Il décida d’adapter le roman éponyme de Hiroharu Takami, qui fit fureur dès sa parution au Japon. Mais son père s’est emparé du scénario... et a dépossédé Kenta de l’idée. Au Japon, le film a suscité un débat avant même de sortir, en étant finalement interdit aux moins de 15 ans. Puis le parlement a demandé l’interdiction du film, sans succès. La polémique a évidemment permis au film d’être un grand succès au box-office. En Europe, les CD-roms pirates (les VCD), le DVD puis les festivals, ont popularisé le film auprès des fans de jeux vidéos ou de cinéma japonais. Les festivals de Rotterdam et l’Etrange festival à Paris ont présenté le film et consacré une rétrospective aux films de Kenji Fukasaku.
CONTRE / QUAND LES MITRAILLEUSES S'ENRAYENT C’est ainsi : la série B est faite pour exposer la limpidité des solutions radicales. D’une manière sèche et clinique, sans se poser de questions ni s’attarder, ce petit film sanglant pose comme idéologie le combat du mal par le mal, comme thérapie la violence par la violence, sur un air de Verdi et en pleine jungle. Assez jubilatoire, quoiqu'inquiétant sur le fond, BATTLE ROYALE ne s’embarrasse d’aucun complexe moral en assénant son leitmotiv : ils veulent du sang, ils vont en avoir. Le problème arrive plus tard, lorsque la situation se transforme en une sorte de "Giallo" (films d'horreurs italiens popularisés par Dario Argento) bêtasse où tout le monde tue tout le monde, dans la lignée d’une banale série télé, avec ses petits génies de l’informatique, ses fausses fins et morales prévisibles. Les personnages creusés se noient parmi les silhouettes, les bonnes idées du départ fatiguent et, au bout du compte, les questions posées ne trouvent aucune réponse, sinon que l’amour, perle rare de nos sociétés, triomphe toujours. Si.
POUR / L’AMORAL EST ROI Le spectateur est exigeant avec ce film car il place d’emblée la barre haut. Il commence comme un terrifiant film d’anticipation et pointe des gros maux : l’absence de responsabilité de jeunes tellement abreuvés de jeux vidéo qu’ils ne comprennent pas ce qu’est la vraie mort, et le fossé qui sépare ces vrais autistes de leurs parents, qui du coup sont totalement déboussolés. Seul BATTLE ROYALE attaque frontalement ces questions, c’est-à-dire en mettant les acteurs (Kitano plus froid que jamais), les idées de scénario et la mise en scène à la hauteur de l’état d’esprit déliquescent de ces décervelés. Il n’y a ni amour, ni tabous, donc ni morale dans le monde de BATTLE ROYALE. La beauté est tournée en dérision, l’intelligence méprisée avec un humour décapant. Ça fait mal, beaucoup plus que n’importe quel sermon d’Hollywood. Mais ça fait aussi du bien que quelqu’un ait eu le courage de dire ça, de le hurler plutôt, comme un cri, en prenant le risque de sonner faux.
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